Polémique sur le Tandy TRS-80 Color : l’ordinateur 8 bits le plus sous-estimé de l’histoire


Points clés Détails à retenir
🖥️ Origines Développé par Tandy/RadioShack à la fin des années 80.
🎨 Graphismes Palette 16 couleurs et modes graphiques variés.
🎵 Son Chip sonore intégré offrant quelques tonalités musicales.
⚙️ Performances Processeur Z80 à 3,5 MHz, marqué par une fluidité parfois lente.
🕹️ Jeux Bibliothèque intéressante mais éclipsée par la concurrence.
📉 Réputation Critiques mitigées à la sortie, reconnaissance tardive.

Le Tandy TRS-80 Color, lancé en 1983, reste un ovni dans l’histoire des micro-ordinateurs 8 bits : sa fiche technique flatteuse n’a pas suffi à lui attirer les honneurs de son époque. Aujourd’hui, les passionnés et les historiens débattent : était-il vraiment surclassé par ses pairs ou victime d’un marketing maladroit ? Cet article replonge dans la controverse et met en lumière l’ordinateur 8 bits le plus sous-estimé de l’histoire.

Genèse du Tandy TRS-80 Color

Au début des années 80, RadioShack/Tandy souhaite capitaliser sur le succès du TRS-80 Model I. Sans différencier nettement ses gammes, la firme développe en coulisse un modèle couleur pour contrer le Commodore 64 et l’Atari 800. La machine sort finalement sous le nom TRS-80 Color Computer, familièrement « CoCo ».

Contexte technique

Le TRS-80 Color repose sur un microprocesseur Motorola 6809, plutôt qu’un Z80 comme sur l’essentiel de la gamme TRS-80. Cette puce, plus moderne, offre une architecture plus souple et des instructions puissantes. Pourtant, Tandy opte pour une fréquence relativement modeste (0,895 MHz ou 1,79 MHz selon le modèle), ce qui explique une partie de la critique sur la réactivité des programmes.

Design et ergonomie

Au premier regard, le boîtier en plastique moulé, aux lignes arrondies, tranche avec les claviers « bureau » austères de la concurrence. Son clavier « chiclet » divise : pratique pour taper vite, mais fatigant après plusieurs heures. La console intègre le lecteur de cassettes dans la partie centrale du clavier, un choix original qui influe sur le centre de gravité de l’ensemble.

Performances et fonctionnalités

Sous ses faux airs de machine amateur, le CoCo cache quelques atouts : gestion de quatre modes graphiques, palette de 16 couleurs et possibilité d’afficher des sprites. Côté son, un circuit relayé par un unique haut-parleur se limite à quelques tonalités, mais il suffit pour habiller un jeu d’arcade ou pour accompagner une démo.

Puissance graphique

Le TRS-80 Color propose quatre modes :

  • 64×32 en 2 couleurs
  • 128×64 en 4 couleurs
  • 256×192 en 2 couleurs
  • 320×192 en 4 couleurs agrandies

Le plus fin (256×192) rivalise modestement avec l’Atari 800, mais perd face au Commodore 64 pour le nombre de sprites et la simplicité d’accès mémoire. Dans certaines démos, on perçoit pourtant un réel potentiel graphique, peu exploité à l’époque.

Capacités audio

Le CoCo embarque un générateur sonore 6 bits mono, capable de produire un son synthétique plus riche que le PC Speaker IBM standard. Toutefois, sans chip dédié type SID, les mélodies restent simplettes. Des passionnés récents ont néanmoins réussi à créer des morceaux d’une étonnante complexité en jouant sur la rapidité des changements de fréquence.

Accueil et critiques à la sortie

Au lancement en 1983, la presse spécialisée loue parfois l’idée et le potentiel, mais reproche immédiatement :

  • La lenteur générale (accès RAM et vidéo partageant le bus)
  • Le manque de logiciels grand public comparé au C64
  • L’absence d’un drive disquette natif

Les revendeurs peinent à positionner le CoCo : ni pure console de jeu, ni ordinateur professionnel, il subit les critiques sur son manque de spécialisation.

À retenir : Malgré un design innovant et des capacités graphiques surprenantes, le Tandy TRS-80 Color pâtit d’une stratégie marketing floue et d’un écosystème logiciel restreint.

Rétrospective et controverses

Une fois la poussière retombée, amateurs et collectionneurs cherchent à comprendre pourquoi un ordinateur techniquement intéressant est passé inaperçu. Certains avancent une faute de communication de Tandy ; d’autres évoquent la concurrence féroce de Commodore et Atari, alors en pleine ascension. Le marché US, déjà saturé, n’a pas pardonné l’indécision stratégique.

Nombre de logiciels disponible

À son apogée, la bibliothèque logicielle du CoCo dépasse à peine les 500 titres, dont une majorité de jeux amateurs et quelques utilitaires maison. En comparaison, le Commodore 64 frôle les 2000 références, portages inclus, dès 1985.

Positionnement tarifaire

Au lancement, le CoCo se vend autour de 300 $, soit le même prix qu’un Sinclair ZX Spectrum sur le marché britannique. Sauf que, sans disquette, sans cartouche de qualité et sans reconnaissance dans le monde professionnel, l’investissement reste risqué. Les revendeurs rabotent rapidement les marges, puis abandonnent le segment.

Comparaison avec ses contemporains

Pour mieux cerner la place du TRS-80 Color, voici un bref tableau comparatif des principales machines 8 bits de 1983 :

Ordinateur Processeur Graphismes Prix à la sortie
Tandy TRS-80 Color Motorola 6809 @ 1,79 MHz 320×192, 4 couleurs 300 $
Commodore 64 6510 @ 1 MHz 320×200, 16 couleurs, sprites 595 $
Atari 800 6502 @ 1,79 MHz 320×192, 128 couleurs, sprites 999 $
Spectrum + 2 Z80 @ 3,5 MHz 256×192, 8 couleurs 299 £

L’héritage méconnu du CoCo

Avec le recul, la communauté compte des dizaines de milliers de passionnés. Les restaurations, les kits d’extension mémoire et les cartes SD modernes redonnent vie à l’engin. Des demos codées aujourd’hui repoussent les limites graphiques perçues à l’époque.

Le TRS-80 Color a aussi inspiré plusieurs projets open source, dont un émulateur précis et des clones FPGA. Sans lui, l’histoire des micros 8 bits serait moins riche en options techniques alternatives.

Pourquoi le CoCo reste sous-estimé

En définitive, plusieurs facteurs expliquent sa réputation de « cheval noir » :

  • Une stratégie commerciale brouillonne face à des concurrents clairs
  • Une documentation confuse pour l’utilisateur débutant
  • Un manque d’applications professionnelles pour justifier l’achat
  • Un positionnement prix mal calibré pour le grand public

Pourtant, sous son enveloppe modeste se cache une plateforme aussi robuste que modulable. Elle mérite qu’on y redécouvre des pépites techniques et des jeux oubliés.

Perspectives et collection

Aujourd’hui, les collectionneurs considèrent le CoCo comme un objet de curiosité et d’études. Les sites spécialisés recensent les versions prototypes et les variantes régionales, tandis que les passionnés échangent leurs « cartes opérandes » introuvables.

Si vous cherchez un ordinateur 8 bits à redécouvrir, le TRS-80 Color se distingue par son design original et son processeur atypique. N’ayez pas peur de sortir des sentiers battus : c’est souvent là que résident les plus belles surprises informatiques.

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